Discours d’accueil du maire Daniel AUDINOT
lors des 80 ans d’Hélène MOUREY-VALENTIN institutrice
2 juin 2002
Madame l’institutrice,
Chère Madame Mourey Valentin,
Bien chers tous,
Excusez-moi, Madame, et vous tous fébrilement réunis dans cette salle, de commencer ce petit discours par ces trois formules précédemment citées, à la fois respecte respectueuse et banale et sur lesquels je vais revenir par la suite. Reprenons les unes après les autres si vous me le permettez ces trois formules :
Chère Madame Mourey – Valentin, oui nous n’oublions pas que vous êtes arrivés ici, jeune fille sous le patronyme de Mourey puis nous avons appris à connaître et respecter celui qui est devenu le compagnon de votre vie, Monsieur VALENTIN, vers qui vont aussi aujourd’hui nos pensées.
Bien chers tous, parce que nous, vos anciens élèves de Jésonville qui ont pu se rendre disponibles aujourd’hui, sommes là pour vous témoigner remerciements et reconnaissance, pour la peine que vous vous êtes donnée pour instruire, éduquer et instituer chacun de nous.
Personnellement, j’ai débuté l’école avec vous de six à neuf ans, soit de 1951 à 1954. Pour ne rien vous cacher, je n’ai gardé aucun mauvais souvenir. Je ne sais quel élève, j’ai été et si par contre vous avez gardé un quelconque souvenir de ma modeste personne.
S’il est vrai que les premiers temps d’une éducation sont primordiaux pour tracer un avenir. Je dois alors, Madame l’Institutrice vous remercier pour ce que je suis devenu, professeur – formateur d’instituteurs, qu’on appelle, à mon grand regret professeur des écoles et non plus instituteur, et je vous dirai pourquoi tout à l’heure.
En outre, Madame l’Institutrice, il m’est agréable d’avoir à vous exprimer notre reconnaissance, en tant que maire de cette commune depuis 1983,au cours en ce nom des habitants de Jésonville bien sûr, mais aussi au nom des maires que vous avez eus à l’époque de votre activité comme interlocuteurs, et dont je me plairais à rappeler les noms : Charles BARETH, Charles BARBIER et Marc GAUDÉ.
Oui, nous vous remercions vivement et chaleureusement pour les 11 années d’enseignement que vous avez prodigué dans cette salle, autrefois d’école jusqu’en 1977. Aujourd’hui rénovée, elle sert de salle du conseil municipal et de salle de réunion.
Madame l’Institutrice, ce n’est pas à vous que je que j’apprendrai que les mots signifient quelque chose. Sans être pédant, on peut rappeler que le mot latin « institutor» veut dire « celui qui institue qui établit ».
Madame, nous, vos anciens élèves, vous nous avez institués citoyens responsables de cette chère république française, à laquelle nous tenons tout si fort, comme le deuxième tour des élections présidentielles récentes, transformé en référendum pour une république démocratique nous l’a montré.
Oui, grâce à vous, nous sommes devenus des citoyens éduqués dans le respect des droits, mais aussi des devoirs, que trop d’individus ont tendance à oublier au profit exclusif de leurs droits. N’entendons-nous pas, trop souvent : « j’ai droit à… ». À ceux là répondons : « N’oubliez pas vos devoirs ! ».
Jusqu’à la Révolution de 1789, des mots divers désignaient les enseignants, et ce n’est qu’en 1792 que les maîtres et maîtresses d’école sont donc devenus des instituteurs et institutrices.
Mais c’est vrai que les traditions sont vivaces : nos tout- petits continuent d’appeler « maîtresse » et « maître » ceux qui s’occupent d’eux à la manière du maître qui apprend un métier à un apprenti. Ne nous avez-vous pas appris le métier de la vie, Maîtresse ?
C’est bien votre enseignement, tout à la fois instruction et éducation, qui a établi la pensée des enfants que nous étions sur de bonnes bases, qui nous a fourni les fondations sur lesquelles nous avons construit notre vie plus tard.
On parle encore couramment « d’institution » pour désigner un établissement scolaire, car chacun reconnaît qu’éveiller l’intelligence d’un enfant, c’est un acte de création.
C’est pourquoi j’ai voulu ranimer une reconnaissance et un respect vivaces autrefois notamment sous la IIIe République et sûrement un peu trop négligés à ce jour, en vous appelant Madame l’Institutrice.
Mais je crois que, devant ces trop nombreux actes d’incivilités multiformes perpétrés, actuellement par quelques délinquants, ces aspects du métier d’enseignant redeviendront prioritaires.
Mais ce faisant, je ne fais que réveiller des mots qui expriment certes des valeurs qui fondent notre société, et non des sentiments : je n’ai pas besoin de conseiller à tous ces gens qui vous entourent aujourd’hui, de vous remercier et de vous respecter.
Beaucoup parmi nous ont été vos élèves, et vous voyez vous-même sur leur visage l’expression de sentiments sans ambiguïté, sentiments mêlés d’affection et de reconnaissance amicale.
Et si, sur un visage vous voyez encore un peu de timidité ancienne, c’est peut-être que nous nous souvenons d’avoir été parfois de mauvais élèves, et que nous espérons que vous en avez perdu le souvenir, tout en craignant toujours un peu votre jugement sur nos capacités.
Car pour avoir instruit la plupart d’entre nous à un âge où nous avions tout à apprendre, vous nous connaissiez mieux que personne, et cela nous impressionne toujours un peu…
Enfin je voudrais au nom de la commune, remercier l’organisateur de cette manifestation André BARBIER.
Voilà, Madame Valentin, ce que je tenais à vous dire, et pour marquer cela, j’ai le plaisir de vous offrir ce cadeau qui je l’espère participera à égayer un peu plus encore, votre environnement.
Daniel AUDINOT
Maire de Jésonville
Conseiller Général Honoraire des Vosges
Professeur d’ I.U.F.M.
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